Le parcours incroyable de Charles "Do Bronx" Oliveira
En 2014, la philosophe Chantal Jaquet publie “Les transclasses ou la non-reproduction”. Dans ce livre, elle rationalise le parcours de ceux qui parviennent à s’extirper de leur condition sociale pour accéder à une vie meilleure et à de nouveaux standards d’existence. La métaphore de l’échelle sociale prend alors tout son sens. Des hommes et des femmes grimpent petit à petit, barreau après barreau, l’échelle de la société sans jamais en voir le bout
En 2009, un jeune Charles Oliveira accorde la première interview filmée de sa carrière. Dans ce petit morceau d’histoire, on découvre Do Bronx. Souriant, entouré de ses proches, il fait le tour de l’humble demeure familiale, située dans les hauteurs de la favéla de Vicente de Carvalho à Guarujá. Alors que l’on contemple aujourd'hui ce qu’il a accompli depuis ce tournage, il revenait déjà de très loin au moment où sont tournées ces images
Charles Oliveira est un miraculé. À l’âge de 7 ans, on lui diagnostique un souffle au cœur et un rhumatisme articulaire. Ces maladies affectent son talon, les médecins craignent qu’une paraplégie s’installe et que le jeune homme ne puisse plus pratiquer de sport. Mais, dans ce qui sera un thème récurrent dans sa carrière et dans sa vie, Do Bronx déjoue les pronostics et il guérit. Encouragé par un voisin, il se passionne pour le Jiu-Jitsu Brésilien. Après avoir remporté plusieurs compétitions, Oliveira se tourne vers le MMA
Pour certains combattants, gagner n’est pas un choix mais une nécessité. Charles Oliveira sait que sa carrière dans le MMA ne doit se conclure que par un triomphe ! Du haut de sa favéla, il peut voir les tours des quartiers aisés de l’autre côté de la ville. En tendant le bras, il peut presque les toucher. Ce n’est pas la distance qui est longue, c’est le chemin qui semble impossible. Alors qu’il perd certains de ses amis, en voit d’autres sombrer dans le crime et la drogue, Charles se rend rapidement compte qu’il n’a qu’une route pour se sortir du chaos qui l’environne
Ses premières années à l’UFC sont mitigées. Il alterne victoires et défaites pendant près de 8 ans. On lui affuble une réputation d’homme faible d’esprit, qui abandonne lorsque cela devient trop dur. Après plusieurs pesées ratées, il décide de faire son retour chez les poids-légers en 2017. C’est l’année qui va tout changer pour lui. La naissance de sa fille redonne un sens à sa carrière. Il change de salle l’année suivante et travaille son striking en profondeur au Chute Boxe
Sa victoire contre Clay Guida à l’UFC 225 est la première d’une série de 11 succès consécutifs qui font de Do Bronx l’un des combattants les plus accomplis de sa génération ! Il combat 3 fois en 2018 et 3 fois en 2019. 6 combats, 6 finitions, 6 démonstrations d’une confiance retrouvée en son striking. Il est désormais apparent que Charles s’est développé dans tous les compartiments du sport. Il va de l’avant, il n’a plus peur, il ne s’écroule plus
Le titre est proche. Déjà reconnu comme l’un des meilleurs de sa catégorie, il prend une tout autre dimension en surclassant Tony Ferguson lors de l’UFC 256. En même temps que les victoires, Oliveira commence à empiler les records. Il a le plus de finitions de l’histoire de l’UFC, le plus de victoires par soumission et des bonus à la pelle
Son histoire est déjà exceptionnelle. Lorsqu’il devient champion des poids-légers en battant Michael Chandler, elle prend presque une dimension prophétique. “Je suis illuminé par Dieu” criera-t-il après sa victoire contre Justin Gaethje à l’UFC 274. Sa série prend fin le 22 octobre 2022 lorsqu’Islam Makhachev le soumet au second round. C’est une fin brutale à l’histoire de Do Bronx
Alors qu’il s’apprête à affronter Beneil Dariush ce samedi à l'UFC 289, il se bat pour obtenir une nouvelle chance de prouver qu’il n’existe pas de situations qu’il ne puisse surmonter. Son héritage est déjà assuré, il a gravi l’échelle et touché ce qui semblait si loin
Auteur de l'article : Noé Bares
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