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Mur en béton fissurée
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Interview avec Aldric Cassata, coach de Manon Fiorot



Aldric Cassata et Manon Fiorot UFC
Crédit photo : Th. Saffroy/L'Équipe

Entretien avec Aldric Cassata, le patron de la Boxing Squad de Nice


Il est l'homme derrière le succès de Manon Fiorot. Aldric Cassata, fondateur de la Boxing Squad de Nice et coach de la numéro 2 chez les poids mouches de l'UFC, est un homme occupé. En effet, plusieurs de ses combattants sont en plein camp de préparation pour leurs prochaines échéances. Aldric nous a tout de même accordé de son temps précieux pour répondre à nos questions peu avant un mois de septembre très chargé


"Aldric bonsoir, est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?"


"Bien sûr, ça fait plus d’une dizaine d’années que j’ai fondé le Boxing Squad, j’ai combattu en MMA de 2005 à 2015. J’ai aussi combattu en Muay Thaï, Shidokan, Jiu-Jitsu brésilien et pas mal d’autres trucs. Aujourd’hui, je me consacre à transmettre ma passion et à travailler avec presque uniquement des gens que j’ai formé. Sur la grosse dizaine de combattants dont je m'occupe, il y en a 9 que j’ai formé intégralement depuis leur début."


"On entend de plus en plus parler de la Boxing Squad. Est-ce que tu sens qu’il y a un engouement autour de ton écurie ces derniers temps ?"


"Je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux ni dans les mondanités parisiennes. On est loin, on est à Nice. Le seul truc qui me permet de me rendre compte qu’il se passe quelque chose, c’est les nombreuses demandes de gens qui veulent venir faire leur camp à Nice. J’en suis fier, ça me fait plaisir. Malheureusement, je ne peux pas prendre tout le monde. Au moment où on se parle [jeudi 13 juillet], j’en ai 3 qui sont en plein camp"



J’ai des gars qui m’aident comme Jean Marc Toesca qui est un grand entraîneur de boxe et Samuel Monin qui va nous rejoindre dans quelques jours pour la partie sol. C’est vraiment le nombre de demandes qui m’aident à me rendre compte que le club a du succès et que les gens veulent bosser avec nous."


"T’as beaucoup de jeunes que t’as formé de A à Z comme Virgil Augen et Axel Sola mais il y a aussi les frères Murris qui font un tabac en amateur. Est-ce que la patte Cassata c’est prendre des mecs et les modeler plutôt que de récupérer des gars déjà formés ?"


"En fait y’a des contres exemples. Je suis très fier du taff que j’ai fait avec Ylies Djiroun parce que ça fait pas mal de temps qu’on bosse ensemble. C’était un formidable striker, on a rajouté beaucoup de lutte et aujourd’hui il a un niveau de lutte exceptionnel défensivement et offensivement. C’est les choses qui se sont faites comme ça en fait. La plupart des gars sont avec moi depuis des années. Ma touche et le travail que je mets en avant, je peux l’adapter à n’importe qui. C’est juste que c’est plus brut de décoffrage quand le gars n'a jamais rien fait. Quand un gars a démarré avec moi, il a ces notions dès le début. C’est la seule petite différence."


"Pour l’instant, t’as un contingent de combattants relativement intimiste [une quinzaine], est-ce que c’est la limite que tu fixes pour faire un travail de bonne qualité ?"


"Ouais. Je peux encore en prendre un ou deux mais faut que ça rentre dans les catégories de poids et il ne faut pas se chevaucher non plus. Je ne veux pas que le mec ait un short Boxing Squad pour avoir un short Boxing Squad, ça ne m’intéresse pas. Je veux qu’il y ait un travail, qu’on puisse se voir tous les jours, qu’il y ait de l'implication de la préparation physique à la récupération. Si je n’arrive pas à avoir ça à cause du nombre, je préfère ne pas faire. Je n’ai pas envie d’avoir l’image American Top Team ou très peu s'entraîne avec le Head Coach, ça je veux pas."



"T’as eu un week-end très chargé autour du 23 juin. L’annonce de Manon, la victoire d’Ylies Djiroun au Brave. T’as eu Virgil Augen et Axel Sola à Ares. Deux gros tests pour eux, deux belles performances. C’est quoi la suite pour ces gars là ?"


"Je parlais de la suite avec Alex hier. Je lui disais que vraisemblablement ce serait une semaine après Manon, comme Ylies. Les trois noms que t’as cité là, je les vois dans des grosses organisations. Ylies, il revient de blessure avec un niveau exceptionnel. Avec le Brave qui se passe à Nantes [collaboration avec Hexagone MMA le 7 septembre prochain], le public français va le découvrir"



J’espère qu’il va faire une année formidable. Faut remettre le contexte, il s’est blessé et avant ça il y a eu des défaites par décision partagée au PFL dans une catégorie qui n’est pas la sienne. J’aimerai qu’il fasse une année de trois victoires et qu’il tape à la porte d’une organisation à la fin de l’année sportive"



Pour Axel, y’a encore deux combats à faire avec le Brave, on peut aussi les faire avec Ares. On peut aussi en faire un au Brave au mois de septembre et revenir à Ares en fin d’année. Le public français l’a à peine découvert. Son adversaire était extrêmement fort, c’était solide. Maintenant, il faut confirmer. Axel c’est 32-4 en amateur avec une défaite en split et une défaite contre un gars qui est à l’UFC aujourd’hui. C’est 6-0 en pro aussi"



Il a encore besoin d’un peu d’expérience, il faut solidifier le poids aussi parce que c’était son premier combat officiel chez les poids-légers. Axel doit encore faire un ou deux combats en 70 kilos et on verra. Il a le profil, il a fait les IMMAF. On sait que l’UFC aime bien ça puisqu'ils en sont les sponsors"



Pour Virgil, l’actualité sera plutôt vers octobre ou novembre. Il est en vacances, il va revenir d’ici quelques jours. On va essayer de faire descendre des gars pour s’entraîner avec lui parce qu’avec la perte de poids d’Axel, il est un peu seul dans sa catégorie. La suite pour lui, c’est de continuer ce qu’il fait à Ares. Il est à 5 victoires d’affilée en carrière, 3 chez Ares. On veut se rapprocher au maximum de la ceinture et on avisera par la suite"


"Passons à ce fameux combat du 2 septembre à Paris : Manon Fiorot contre Rose Namajunas. Comment va Manon ? Comment se passe la préparation ?"


"Super bien. On a démarré un camp depuis 3 semaines. On a fait venir pas mal de personnes de l’extérieur. On l'avait déjà fait mais pas avec autant de personnes. On a Morgane Manfredi, championne de boxe birmane, qui nous a rejoint. On s'entraîne avec Manuela Marconetto [combattante de MMA] qui est chez nous depuis deux mois déjà et Licia Boudersa, une championne de boxe. Je suis vraiment content de la façon dont se passe le camp



On a plus d’invités mais on garde la même façon de faire avec Jean Robert Monier et Jérome Vaulerin pour la partie technique et Laurent Devivi pour la préparation physique."


"Manon s’est blessée l’année dernière. Depuis son dernier combat, elle a été opérée au genou. Tu as dit plusieurs fois qu’elle serait à 100 % sur le plan physique. Est-ce que y’a eu un peu d’appréhension au moment de reprendre l'entraînement et de se remettre sur le genou ?"


"En toute honnêteté, non. On a pris Alexandre Dellal, qui vient du football, pour la réathlétisation. Il a bossé avec l’Olympique Lyonnais, l’OGC Nice et l’équipe d’Algérie. Donc ça, c’était déjà rassurant. Et puis, il y a des signes qui ne trompent pas. Même si les gens pensent que Manon est une strikeuse, moi je mets autant de lutte que de striking dans sa préparation. Quand elle est revenue, j’ai regardé un peu tapis dans l’ombre pour voir si elle allait se servir de sa jambe pour faire des crochetages. Dès la reprise, elle s’en est servie. Zéro appréhension."


"On sait que vous vouliez vraiment affronter Blanchfield un moment donné. Comment s'est fait ce combat contre Rose ?"


"Depuis que Manon est à l’UFC, on a refusé personne. On peut vraiment s’en vanter. L’inverse n’est pas vrai, elle a été refusée par pas mal de filles. Manon n'a jamais refusée personne. Quand l’UFC nous a contacté, on n'a jamais dit non à un profil. Manon s’est dit que tout le monde parlait de Blanchfield et elle voulait montrer qu’elle pouvait battre une lutteuse. L’UFC, pour des raisons qui les regarde, a décidé de faire le Blanchfield contre Santos qui était prévu en janvier. Faut pas oublier que l’UFC voulait faire ce combat en janvier mais que Santos a eu des problèmes de visa



Quand Rose a manifesté son envie de monter, Manon a réagi de suite. Ce call out qui a été fait chez Ariel Helwani et MMA Junkie a fait son bruit. On pensait pas que Rose accepterait Manon dans une catégorie de poids supérieure et chez elle en plus. Respect. Maintenant, il faut mettre toutes les chances de son côté parce que Rose a une palette technique très fournie."



"Rose c’était franchement pas une poids paille imposante, elle a jamais eu trop de soucis à faire le poids. Qu’est-ce que tu penses d’une Rose à ce poids là ?"


"En vrai, on ne peut pas savoir. Manon aura un avantage physique dans ce combat, c’est sûr. Maintenant c’est en 3 rounds pas en 5. Rose elle sait tout faire donc on prend pas en compte le fait qu’on aura un avantage physique. Manon est une des plus grandes poids-mouches du roster avec Talia Santos. Elles ne sont que 4 à dépasser le mètre 70. On ne va pas y aller tranquille parce qu’on a un avantage physique, ça ne rentre pas en considération. On a un gameplan pour identifier ce qu’il va se passer. On fait comme si on prenait la meilleure Rose dans sa catégorie"


"Il y a le combat entre Blanchfield et Santos la semaine d’avant et le combat pour le titre deux semaines après. Toute la division peut-être chamboulée. Est-ce que vous avez obtenu des garanties à ce niveau là ?"


"On a été en discussion avec l’UFC pour renégocier le contrat de Manon. On a signé un contrat de 8 combats et dans ce contrat, il y a des clauses de championship. Pour le reste, c’est l’aspect sportif qui sera mis en avant. Manon a son destin entre ses mains. Si elle fait une grosse performance, c’est elle qui aura le combat. Si elle fait une contre-performance ou qu’elle ne gagne pas avec la manière et que t’as Blanchfield ou Santos qui fait une dinguerie, c’est la loi du sport. En tant que coach, je regarderais Talia Santos et Erin Blanchfield pour prendre des informations, voir ce que ça donne


"Manon va découvrir son public. Elle n'a jamais combattue en France dans sa carrière professionnelle. C’est quoi ton avis sur la place qu’elle occupe dans le paysage médiatique français quand on parle de MMA ?"


"Hormis Cyril qui a accompli des choses exceptionnelles, les athlètes qui ont de la hype en France c’est les gens qui ont brillé à l’UFC Paris. On connaît le public français, il a besoin de voir les athlètes. Moi je suis persuadé que le fan français n’est ni misogyne ni macho. Si tu ramènes un spectacle de qualité et si Manon fait un combat spectaculaire, le public la suivra. Faut pas oublier que c’est un public jeune dans le MMA. Les gens sont encore sur la culture de l’instant. On sait que la performance à Abu Dhabi n’était pas spectaculaire mais personne ne sait qu’elle a combattu blessée parce que les informations ne sont pas passées"



Le combat à Abu Dhabi, elle l’a fait sur un genou. Ses appuis n’étaient pas bons, elle ne pouvait pas kicker. Elle fait un takedown pour prendre des points aux yeux des juges. Battre Chookagian dans ces conditions, c'est bien. Là, elle est à 100 %. Avec l’opération on a réparé le genou et les autres bobos qui traînent. Si on continue ce camp correctement, on aura une Manon à 100 % de son potentiel et ça va changer la donne."


“Tu as un mot de la fin ?”


"Merci de nous suivre. On me demande souvent ce qu’il est possible de faire pour soutenir les athlètes. Suivez-les sur les réseaux, c’est bien pour les sponsors. Essayez de partager un peu ce qu’ils font et donnez leur du soutien."


Auteur de l'interview : Noé Bares


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