Sofiane Oumiha, premier boxeur français triple champion du monde amateur
Quelques jours après son troisième sacre de champion du monde de boxe amateur, le Toulousain Sofiane Oumiha a répondu à nos questions. Fatigué mais heureux, le poids-léger a désormais les yeux rivés vers la qualification aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Pour cela, il faudra remporter sa place lors d’un tournoi de qualification. Le premier se déroule le 21 juin prochain en Pologne
“C’est ton troisième titre de champion du monde de boxe chez les amateurs. C’est un record en France. Maintenant que tu as eu quelques jours pour digérer, comment est-ce que tu te sens ?”
"Je me sens vraiment bien. C’est une grosse fierté. C’est une vraie concrétisation pour moi. J’ai beaucoup d’émotions qui se mélangent mais ce qui ressort c’est la fierté. Je rentre dans l’histoire de la boxe en France et c’est vraiment top"
“Ça n’a pas été simple, surtout en finale. Le premier round a été compliqué. Ton adversaire [le Cubain Alvarez Borger] a démarré fort. Tu peux me parler du combat et des ajustements que tu as dû faire entre les rounds ?”
"C’est vrai que ça n’a pas été simple. Je voulais l'emmener dans un faux rythme au début du combat mais au final c’est lui qui m’a embarqué (rire). Et puis après il reste que deux rounds, je sais que je ne peux pas perdre le deuxième sinon c’est terminé. J’essaye de dérouler au maximum. L’objectif c’est de ne pas prendre de coups. Je le remporte et puis je vois qu’il flanche un peu donc j'accélère dans le troisième. Mais ce n'est pas simple. Le mec il se laisse pas démonter non plus. C’est une finale mondiale, c’est l’expérience qui fait la différence"
“On sait que les -60 kg ne seront pas aux Jeux. Tu vas combattre chez les -63,5 kg si tu parviens à te qualifier. Tu as réfléchi à combattre dans cette catégorie dès les championnats du monde ou ça ne t’as même pas traversé l’esprit ?”
"Non, je ne l’ai même pas envisagé. Les -60 kg c’est ma catégorie, c’est là ou je me sens le mieux. Ça me tenait à cœur de faire ces championnats en moins de 60 kilos. C’est à ce poids que j’ai gagné mes médailles, que ce soit à Rio (médaille d’argent aux JO de 2016) ou en Allemagne (champion du monde en 2017). C’était le premier gros rendez-vous de ma saison et je ne voulais pas le manquer"
“Ta prochaine échéance est dans un peu plus d’un mois : les Jeux Européens le 21 juin. Comment est-ce que tu vas gérer la prise de poids en un laps de temps aussi court ?”
"Ça devrait se faire naturellement mais je risque de le subir un peu quand même. Si peu de temps ça te laisse pas la possibilité de faire grand chose. Je ne vais pas pouvoir prendre en masse musculaire. Le bon côté de devoir prendre du poids c’est que niveau nourriture je ne vais pas me priver (il rigole). Niveau boxe, je vais garder le même style. Je vais pas avoir le temps de prendre en force. Je commence la prépa la semaine prochaine et trois semaines ça sera trop court pour faire de gros ajustements"
“Avec les JO en ligne de mire, t’es sur un gros cycle. T’enchaines championnat du monde, qualification olympique et, on l’espère, les Jeux. Est-ce que les JO de Paris c’est le dernier baroud chez les amateurs ou tu comptes continuer après ?”
"Honnêtement, ça dépend. Je ne sais pas encore. Je verrai sur le moment. Je suis un mec de l’instant T. Quand je me projette, c’est avec des objectifs mais j’en suis pas encore à ce stade de ma réflexion. Il faudra peser le pour et le contre et prendre la meilleure décision pour moi. Comme d’habitude"
“Tu as rendu un hommage à Wilfried Florentin suite à son décès tragique au début du mois de mai. Aujourd’hui, quel souvenir tu voudrais que le public garde de Wilfried ?”
"Un homme bien. Un mec bon. Il avait le sourire tout le temps. Je l'appelais mon petit con parce que c’était un petit jeune. Un 2000, 2001. C’est le boxeur que tout le monde rêverait d’être. Agressif sur le ring, adorable pour ceux qui le connaissaient vraiment. C’est important pour moi de dire qui il était vraiment en tant que boxeur, en tant qu’être humain et en tant que père. Avec l’équipe, on se devait de lui rendre hommage. On se devait de penser à lui et on continue à le faire"
Auteur de l'interview : Noé Bares
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