Alors que l’UFC 288 se déroule à quelques kilomètres de sa ville natale, Aljamain Sterling goûte à des bains de foule qui se font rares pour lui
Le champion des poids-coqs est en froid avec le public depuis les évènements de l’UFC 259 qui ont fait dérailler sa carrière et celle de Petr Yan. 2 ans plus tard, Sterling est toujours champion mais les fans se font difficilement à l’idée qu’il est le meilleur du monde. Alors qu’il s’apprête à affronter Henry Cejudo, Funk Master navigue sereinement entre son indéniable talent et les derniers doutes qui subsistent sur ses performances
On évoquera longtemps le coup de genou de Petr Yan. L’UFC 259 est le moment charnière de la carrière de deux hommes et si Sterling continue de gagner, le moment charnière de toute une division. Avec la bénédiction de la ceinture est venue la malédiction de la foule. Aljo, accusé d’avoir surjoué la blessure pour remporter un combat qu’il était sur le point de perdre, est devenu un paria en un claquement de doigts. En un instant, le public fait fi d’années de travail et de galères. Alors Sterling fait ce qu’il fait de mieux, il continue de gagner. Même si les deux combats qui ont suivi sont teintés de circonstances particulières, il remporte la revanche contre Yan et l’affrontement contre TJ Dillashaw
Désormais, “l’homme qui n’aurait jamais dû être champion” a égalé le nombre de défenses de titre consécutives et le nombre de victoires de la division des poids-coqs. Son nom est inscrit dans l’histoire et combat après combat, il efface l'astérisque qui y est attaché. On parle un peu moins du genou et un peu plus de son niveau stratosphérique. Il y a un peu moins de colère et un peu plus d’admiration. Doucement, le public se fait à l’idée qu’il est méritant.
Il faut dire que l’histoire de Sterling est touchante et que ses récents succès ont permis de mettre la lumière sur un chemin fastidieux. Le public découvre alors un homme qui s’est tourné vers la lutte universitaire pour éviter de sombrer dans la délinquance. Son quartier natal, Uniondale, est rongé par les guerres de gangs. Sterling raconte qu’il y a perdu énormément d’amis et été témoin de scènes qui l’ont marqué à vie. C’est lorsque son frère est enfermé en prison qu’il décide de tout faire pour éviter de l’y rejoindre.
La lutte devient un moyen pour lui d’intégrer une faculté, d’être diplômé et de s’offrir une chance à une vie meilleure. Il décide de quitter le foyer familial. Même s’il démarre la discipline sur le tard, il démontre des capacités athlétiques hors du commun et remporte plusieurs titres nationaux. Sa transition vers le MMA, il l’effectue grâce à Jon Jones. Ce dernier l’invite à sa première séance d'entraînement et la suite, on la connaît. “Je suis tombé amoureux du sport” déclare-t-il. Rapidement, il intègre l’UFC et progresse dans le classement.
Chez lui, Sterling est devenu un pilier de sa communauté. Il inspire les jeunes à s’orienter vers d’autres directions que le crime. Il divise son temps entre ses propres entraînements et la transmission aux élèves de sa salle. Il est devenu un modèle de réussite pour des quartiers qui en manquent cruellement. Finalement, la reconnaissance du monde entier, Sterling peut s’en passer car comme on l’a vu toute la semaine, il est déjà un héros
Auteur de l'article : Noé Bares
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